J’ai eu la chance et le plaisir de suivre tes cours lorsque j’étais étudiant, et tu m’as tout appris de la scénarisation et du montage. Tu disais qu’il fallait de bonnes histoires, avec un bon début et une bonne fin. J’ai suivi ce conseil depuis toujours, et c’est peut-être pour ça que j’ai gagné un Grand Prix littéraire décerné par le public. En effet, nombreux sont ceux qui aiment mes débuts et mes fins de romans.
Je me rappelle combien j’étais anxieux à l’idée de rencontrer le Grand Norman Jewison quelques jours avant le début des cours, et ma surprise de voir entrer dans la salle un homme de petite taille, avec une simplicité égale à son talent, la simplicité des grands.
Tu étais la bonne humeur incarnée : toujours avec le sourire. J’avais aussi été fasciné par ton assurance, et la confiance que tu avais envers ceux que tu formais pour qu’ils soient meilleurs que toi : que l’élève dépasse le maître, telle était ta devise.
Je me souviens de nuits de tournage mémorables à Cherry Street, où tu laissais filmer tes élèves… tu parlais avec tout le monde, sans même regarder ce qu’ils faisaient !
C’est toi qui as découvert et donné sa chance à Faye Dunaway donnant la réplique à Steeve McQueen dans ta version magistrale de l’affaire Thomas Crown. Les remakes qui ont suivi n’ont jamais su offrir la magie que tu avais su insufflé dans ce film et qui m’avait tant fasciné à l’époque.
Même si tu n’en parlais pas et que peu de gens le savaient, tu étais très fier d’avoir été le premier réalisateur à obtenir le « Final Cut » de la part des studios hollywoodiens (faire son propre film sans que personne n’intervienne au montage).
Les nouvelles générations se souviendront de tes films, bien sûr, mais tu enseignais bien plus : la générosité dans tous les domaines de la vie. Constamment tourné vers les autres, tu étais l’antithèse de l’égocentrisme.
Au revoir mon Mentor, mon Ami.